L’homonymie et le renom d’après l’exposition « GROUPE NOMINAL » (Paris, 2019)

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Communication [2019]

Homonymie et renom d’après l’exposition GROUPE NOMINAL (Paris, 2019)

Lors de la Journée d’Etudes « Reconnaissance, notoriété et consécration dans secteurs artistiques et culturels », organisée par les Jeunes chercheurs du LabEx Industries Culturelles et Création Artistique

11 avril 2019

Cette communication propose d’analyser l’homonymie et son rapport à la reconnaissance en s’appuyant sur l’étude de notre exposition GROUPE NOMINAL à l’Inattendue Galerie en mars 2019.

Beaucoup d’écrits relatent le lien entre le nom de l’artiste et sa réputation (Trollope, 1883 ; Becker, 1982 ; Heinich 1998 et 2005), ainsi que les liens entre le nom d’auteur et les noms déposés des marques (Béguet et Ledoux, 2015 ; Code la propriété intellectuelle, 1992). Mais peu interrogent l’homonymie subie par des artistes à notoriétés différentes dans son rapport à la reconnaissance professionnelle. L’homonymie est représentée comme l’acquisition d’un nom comme d’une marque (Ludovic Chemarin©) ou encore comme filiation dans l’amateurisme (Lavier). Pourtant, il existe de nombreux homonymes sans liens de filiations qui ont des pratiques amateures et / ou professionnelles, dans les mêmes disciplines ou dans des disciplines connexes, faisant l’objet de grands écarts de notoriété.

Partant du présupposé qu’être reconnu, c’est s’être « fait un nom », avoir du « renom », je pose la question de la reconnaissance et de la notoriété face à l’homonymie. Comment penser des notoriétés différentes pour des noms identiques ? Comment se « faire un nom » lorsqu’il est déjà « fait » par une autre personne et une autre pratique ? Dans un certain régime de singularité (Heinich, 2005) et de réputation liée au nom de l’auteur, quelle place accorder à l’homonymie ?

Je m’appuie sur l’exposition « GROUPE NOMINAL » (réaliséee avec Alexandre Arbouin) qui présentait du 8 au 29 mars 2019 un début de collection personnelle, réunissant des oeuvres d’artistes homonymes peu connus. L’exposition a lieu dans un lieu « institutionnel », à savoir l’Inattendue Galerie, gérée par la Maison des Initiatives Étudiantes et la Mairie de Paris. Les artistes homonymes sont internationaux et de divers statuts (amateurs / professionnels ; de même discipline ou non). Ils renvoient à des artistes internationaux divers eux aussi dans leurs statuts et leurs notoriétés, (certains étant décédés). Ainsi étaient présentées des oeuvres de Daniel Buren, John Chamberlain, Lucio Fontana, Pierre Huyghe, Seulgi Lee, Richard Long, Henry Moore, Robert Morris, Bruce Naumann et Benjamin Sabatier.

Je montre ainsi que malgré un régime dit de singularité, c’est une certaine forme de « déjà-vu » qui marque la reconnaissance. Cela va, d’ailleurs, de pair avec les termes : « reconnaître » comme « re-connaître » (connaître deux fois, ou se rendre compte que l’on connaît), ou encore « consacrer », à savoir « redoubler par le dire quelque chose qui existe déjà » (Bourdieu, 1982, p. 123). De même pour « représenter » – présenter à nouveaux – ou encore, en ce qui nous concerne, « surexposer », exposer à nouveau et de manière plus forte.

Ainsi, dans la mesure où l’on reconnaît, l’accès à la notoriété pourrait être décuplé dans une surexposition de « déjà-vu », en particulier pour les homonymes qui ont leurs noms « déjà-lus » et « déjà-connus ». Je reviens sur les enjeux du nom (« noblesse oblige ») et le pouvoir de nommer (de légitimer, Bourdieu, 1982) et ses enjeux dans l’homonymie artistique. Je montre l’importance des réseaux sociaux, a contrario des moteurs « traditionnels » de recherche, pour la reconnaissance de l’homonymie. Et je développe l’idée de surexposition de déjà-vu à tous les niveaux : comment nous surexposons à la fois des noms, des formes, des discours, voire des parcours.


Communication [2019]

Homonymy and reputation according to the exhibition GROUPE NOMINAL (Paris, 2019)

During the Study Day « Recognition, notoriety and consecration in artistic and cultural sectors« , organized by the Young Researchers of LabEx Cultural Industries and Artistic Creation

This communication proposes to analyze homonymy and its relationship to recognition based on the study of our exhibition GROUPE NOMINAL at the Inattendue Galerie in March 2019.

Many writings relate the link between the name of the artist and his reputation (Trollope, 1883; Becker, 1982; Heinich 1998 and 2005), as well as the links between the author’s name and the registered names of brands (Béguet and Ledoux, 2015; Intellectual Property Code, 1992). But few question the homonymy suffered by artists with different notorieties in its relationship to professional recognition. Homonymy is represented as the acquisition of a name as a brand (Ludovic Chemarin©) or even as a filiation in amateurism (Lavier). However, there are many homonyms without family ties who have amateur and/or professional practices, in the same disciplines or in related disciplines, subject to large differences in notoriety.

Starting from the presupposition that to be recognized is to have “made a name”, to have a “reputation”, I raise the question of recognition and notoriety in the face of homonymy. How can we think of different notorieties for identical names? How can you “make a name” when it is already “made” by another person and another practice? In a certain regime of singularity (Heinich, 2005) and reputation linked to the name of the author, what place should be given to homonymy?

I draw on the exhibition “GROUPE NOMINAL” (produced with Alexandre Arbouin) which presented from March 8 to 29, 2019 the beginning of a personal collection, bringing together works by little-known homonymous artists. The exhibition takes place in an “institutional” location, namely the Inattendue Galerie, managed by the Maison des Initiatives Étudiantes and the Paris City Hall. The homonymous artists are international and of various statuses (amateurs/professionals; of the same discipline or not). They refer to international artists also diverse in their status and notoriety (some having died). Works by Daniel Buren, John Chamberlain, Lucio Fontana, Pierre Huyghe, Seulgi Lee, Richard Long, Henry Moore, Robert Morris, Bruce Naumann and Benjamin Sabatier were presented.

I thus show that despite a so-called regime of singularity, it is a certain form of “déjà vu” that marks recognition. This goes, moreover, with the terms in french: « reconnaissance », « recognize » like « re-know » (know twice, or realize that one knows), or even « consecrate », namely « redouble by say something that already exists” (Bourdieu, 1982, p. 123). The same goes for “representing” – presenting again – or, in our case, “overexposing”, exposing again and in a stronger way.

Thus, to the extent that we recognize, access to notoriety could be increased tenfold in an overexposure of « déjà vu », in particular for homonyms who have their names « already-read » and « already-known » . I return to the issues of the name (“noblesse oblige”) and the power to name (to legitimize, Bourdieu, 1982) and its issues in artistic homonymy. I show the importance of social networks, as opposed to “traditional” search engines, for the recognition of homonymy. And I develop the idea of overexposure of déjà vu at all levels: how we overexpose names, forms, speeches, even paths.

Komunikado [2019]​

Homonimio kaj reputacio laŭ la ekspozicio GROUPE NOMINAL (Parizo, 2019)

Dum la Studa Tago « Rekono, fifameco kaj konsekro en artaj kaj kulturaj sektoroj« , organizita de la Junaj Esploristoj de LabEx Kulturaj Industrioj kaj Arta Kreado

La 11-an de aprilo 2019

Ĉi tiu komunikado proponas analizi homonimecon kaj ĝian rilaton al rekono surbaze de la studo de nia ekspozicio GROUPE NOMINAL ĉe la Inattendue Galerie en marto 2019.

Multaj skribaĵoj rilatas la ligon inter la nomo de la artisto kaj lia reputacio (Trollope, 1883; Becker, 1982; Heinich 1998 kaj 2005), same kiel la ligilojn inter la nomo de la verkinto kaj la registritaj nomoj de markoj (Béguet kaj Ledoux, 2015). ; Kodo pri Intelekta Proprieto, 1992). Sed malmultaj pridubas la homonimecon suferitan de artistoj kun malsamaj fifamecoj en ĝia rilato al profesia rekono. Homonimio estas reprezentita kiel la akiro de nomo kiel marko (Ludovic Chemarin©) aŭ eĉ kiel filio en amatorismo (Lavier). Tamen ekzistas multaj homonimoj sen familiaj ligoj, kiuj havas amatorajn kaj/aŭ profesiajn praktikojn, en la samaj fakoj aŭ en rilataj fakoj, kondiĉigitaj de grandaj diferencoj en fifameco.

Komencante de la antaŭsupozo, ke esti rekonita estas esti « farinta nomon », havi « reputacion », mi starigas la demandon pri rekono kaj fifameco fronte al homonimo. Kiel ni povas pensi pri malsamaj fifamecoj por identaj nomoj? Kiel vi povas « fari nomon » kiam ĝi jam estas « farita » de alia persono kaj alia praktiko? En certa reĝimo de singulareco (Heinich, 2005) kaj reputacio ligita al la nomo de la aŭtoro, kian lokon donu al homonimo?

Mi tiras el la ekspozicio “GROUPE NOMINAL” (produktita kun Alexandre Arbouin) kiu prezentis de la 8-a ĝis la 29-a de marto 2019 la komencon de persona kolekto, kunigante verkojn de malmulte konataj homonimaj artistoj. La ekspozicio okazas en « institucia » loko, nome la Inattendue Galerie, administrata de la Maison des Initiatives Étudiantes kaj la Pariza Urbodomo. La homonimaj artistoj estas internaciaj kaj de diversaj statusoj (amatoroj/profesiuloj; de sama disciplino aŭ ne). Ili rilatas al internaciaj artistoj ankaŭ diversaj en sia statuso kaj fifameco (kelkaj mortis). Estis prezentitaj verkoj de Daniel Buren, John Chamberlain, Lucio Fontana, Pierre Huyghe, Seulgi Lee, Richard Long, Henry Moore, Robert Morris, Bruce Naumann kaj Benjamin Sabatier.

Mi tiel montras, ke malgraŭ tiel nomata reĝimo de singulareco, ĝi estas certa formo de “déjà vu”, kiu markas rekonon. Ĉi tio krome rilatas al la terminoj: « rekoni » kiel « rekoni » (koni dufoje, aŭ rimarki, ke oni scias), aŭ eĉ « konsekri », nome « redobligi per diri ion, kio jam ekzistas » (Bourdieu, 1982, p. 123). Same validas por “reprezenti” – prezenti denove – aŭ, kiom ni koncernas, “troeksponi”, denove elmontri kaj pli forta maniero.

Tiel, laŭ la mezuro kiun ni rekonas, aliro al fifameco povus esti pliigita dekoble en troekspozicio de « déjà vu », precipe por homonimoj kiuj havas siajn nomojn « jam-legita » kaj « jam-konataj ». Mi revenas al la temoj de la nomo (« noblesse oblige ») kaj la potenco nomi (legitigi, Bourdieu, 1982) kaj ĝiaj temoj en arta homonimio. Mi montras la gravecon de sociaj retoj, kontraste al « tradiciaj » serĉiloj, por la rekono de homonimio. Kaj mi disvolvas la ideon de supereksponado de déjà vu je ĉiuj niveloj: kiel ni troeksponas nomojn, formojn, parolojn, eĉ vojojn samtempe.